Aménagement des fins de carrière : dans le public comme dans le privé, les cadres affirment leurs positions
Alors que les partenaires sociaux ont jusqu’à la mi-novembre pour trouver un accord sur l’emploi des seniors, les cadres plébiscitent la retraite progressive et le temps partie aidé. C’est ce que montre la dernière édition du baromètre « cadres » Ugict/Secafi réalisé par Viavoice.
Emploi des seniors et retraite : sur ces deux thèmes, le dernière baromètre Ugict-CGT met en évidence des positions très affirmées chez les cadres, du privé comme du public. Au moment où se déroule la négociation interprofessionnelle sur l’emploi des seniors, après l’échec au printemps dernier du « Pacte de la vie au travail », ils plébiscitent en effet deux dispositifs portées notamment par la CGT : la droit à la retraite progressive, voulue par 83 % d’entre eux et singulièrement par celles et ceux qui sont au forfait-jour ; le temps partiel aidé (83 % également), sans perte de salaire et de cotisations retraites. Le recul de deux ans de l’âge de la retraite, acté par la réforme de 2023, explique en partie ces positions, à tel point qu’ils et elles sont également plus de huit sur dix à vouloir la prise en compte de leurs années d’études dans le calcul de leurs annuités. Ils sont tout autant (84 %) à se dire favorables au rachat de ces années par les employeurs pour bénéficier de trimestres de cotisations supplémentaires.
Au sacrifice des jours de repos
Pour autant, les effets immédiats de la réforme de 2023 n’expliquent pas tout. Le baromètre Ugict-CGT/Secafi réalisé par ViaVoice livre plusieurs indicateurs qui sont autant d’indices à la dégradation de la situation des cadres, dans les entreprises et les administrations. Ce, alors que les trente-cinq heures sont à nouveau ciblées, notamment par l’ancien ministre de l’Intérieur, prompt à attaquer une France qui ne travaillerait pas assez. Le démenti des principaux intéressés est cinglant tant les constats sont alarmants, que ce soit sur leur charge de travail ou sur leur niveau de rémunération, bien en-deçà du nombre d’heures supplémentaires qu’ils effectuent. Si bien qu’ils sont à peine 51 % à disposer des onze heures légales de repos entre deux journées de travail. L’enquête révèle en outre que 63 % travaillent plus de quarante heures par semaine, et au-delà de quarante-cinq heures pour un quart d’entre eux.
En pointant l’exemple caricatural des salariés de Paris 2024, pour lesquels le temps de travail hebdomadaire a explosé, parfois durant onze journées consécutives, le baromètre illustre l’insatisfaction des cadres au forfait-jours. Parmi ces derniers, une majorité (58 %) dénoncent un niveau de rémunération éloigné de leur charge de travail.
Au total, ils sont 56 % à affirmer que celle-ci a augmenté depuis l’année précédente. Cette charge accrue impose à 48 % d’entre eux de sacrifier des journées de repos pour travailler : cette proportion grimpe jusqu’à un vertigineux 79 % au sein de la fonction publique.
Si elles ne sont pas correctement rémunérées, les heures supplémentaires ne sont pas non plus récupérées pour 58 % des répondants – et pour 83 % des cadres au forfait-jours. L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est directement impacté par cette situation.
À cela s’ajoute une vague de remise en cause des accords de télétravail, lorsqu’ils existent. Appréciée des cadres, cette modalité de travail peut offrir une perspective d’amélioration de l’équilibre entre vies familiale et professionnelle. Surtout lorsqu’il est efficacement et suffisamment encadré, ce qui n’est pas le cas selon 55 % des répondants. À tel point que 6 cadres sur 10 ne s’estiment pas protégés contre les durées excessives de travail, avec un droit effectif à la déconnexion qui se fait encore attendre.
Le droit d’alerte, toujours menacé
Deux tiers des sondés, en outre, affirment ne pas se sentir associés aux choix stratégiques de leur entreprise ou administration, soulignant la financiarisation accrue de l’économie. Ils sont plus de la moitié (52 %) à se déclarer en contradiction fréquente avec les décisions prises, dont ils sont autant les objets que les vecteurs.
Tandis qu’un quart des cadres (24 %) ont été informés de faits illégaux ou qui porteraient préjudice à l’intérêt général, plus de la moitié reconnaissent avoir gardé le silence sur ces faits. Pour ceux qui les ont déclarés, 48 % – dont une écrasante majorité (82 %) de 18-29 ans –affirment avoir subi des représailles de la part de leur employeur. Cette crainte des représailles (menace sur la carrière ou sanctions) se conjugue avec un sentiment d’impuissance (39 %) et un manque de confiance dans la structure (33 %).
Comme en reflet de la forte mobilisation contre la réforme des retraites à laquelle ils étaient près des deux tiers à s’opposer, la confiance dans le syndicalisme atteint 34 % cette année (49 % pour les 18-29 ans). En 2012, ils n’étaient que 17 % à le reconnaître pour porter leurs aspirations. Pour l’Ugict, le rôle moteur de la Cgt dans les mobilisations de 2023 et les propositions portées pour créer de nouveaux droits continue de renforcer cette « image positive ». En regard de cette hausse impressionnante, la confiance dans les pouvoirs publics et les directions est en baisse…
Lennie Nicollet
Face au racisme, des cadres sans directive
Après les élections européennes et législatives, marquées par la forte progression de l’extrême droite, l’Ugict-Cgt a fait le choix d’intégrer la question du racisme dans son baromètre. L’édition 2024 donne à voir une libération de la parole raciste en entreprise. Utilisation de surnoms racistes, blagues lancées dans l’open-space ou à la machine à café… Plus du tiers des cadres interrogés ont été témoins ou victimes de comportements racistes. L’enquête souligne que les cadres attendent des consignes claires de la part des directions pour agir. Ils sont 1 sur 2 à indiquer qu’ils n’ont aucune information sur leurs droits ou recours. À peine plus de la moitié estiment que leur employeur mène des actions pour lutter contre le racisme dans le cadre professionnel.
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