Chronique européenne -  Vu d’Europe – Un appel des inspecteurs du travail

Par Nayla Glaise, présidente d’Eurocadres

À quelques jours des élections européennes, les priorités des politiciens basés à Bruxelles sont tournées vers les derniers sondages et les potentiels accords de coalition. Pour Eurocadres, le travail s’est poursuivi en dépit de l’absence de Parlement européen et d’une Commission encombrée de chefs de cabinet en campagne.

Édition 052 de mi-juin 2024 [Sommaire]

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Après une session plénière bondée, en mai, pour clôturer la 9e législature (2019-2024) du Parlement, nous avons poursuivi nos réunions avec les groupes politiques à Bruxelles, ainsi qu’avec les candidats locaux lors de leurs tournées de prospection. Nous poursuivrons ces activités de « plaidoyer » en attendant le résultat du scrutin. 

Nous tâchons de planifier une meilleure représentation des personnes ayant besoin de soutien au cours de la 10e législature (2024-2029). 

Avec les inspecteurs du travail

Dans le cadre de notre projet «  Flexibilité au travail  », nous avons engagé des discussions approfondies avec des inspecteurs du travail de toute l’Union européenne qui ont abouti, en collaboration avec la Fédération syndicale européenne des services publics (Epsu), à une déclaration commune appelant à une action européenne pour faire face à la crise montante dans leur profession. Eurocadres et Epsu ont une longue tradition de lutte pour les droits de ces salarié·es, il s’agit d’obtenir des garanties car, comme le dit l’appel, «  ceux qui protègent les travailleurs doivent également être protégés, soutenus et respectés  ». 

Leur capacité à mener leurs missions est un élément fondamental du succès ou de l’échec de la législation européenne et nationale. Dans certains pays, la détérioration de leurs conditions d’exercice a amenuisé les mesures préventives et entraîné une augmentation des accidents du travail. 

Si les nouvelles formes d’organisation du travail ont contribué à ces problèmes, le sous-financement de ce service public reste une question centrale, les nouvelles règles fiscales de l’Ue risquant d’aggraver encore la situation. 

Pour des emplois de qualité  : comment  ?

Nous avons célébré le 1er Mai, et avons rencontré les cinq principaux groupes européens (à l’exclusion des groupes d’extrême droite Ecr et Id) pour évaluer leur prise en compte des revendications syndicales et de certaines questions-clés pour le monde du travail.

Une recherche rapide des occurrences de certains termes dans leurs documents de campagne révèle, par ordre décroissant  : travailleurs (62 mentions)  ; syndicats (19)  ; santé mentale (6)  ; austérité (4)  ; santé et sécurité (3). 

La plupart des professions de foi font référence au besoin d’emplois de qualité en Europe, protégés pendant et après la double transition verte et numérique. Les travailleurs sont clairement une préoccupation majeure pour ces groupes, bien que, de manière remarquable, leur santé et leur sécurité ou leurs conditions de travail n’aient pas la même importance ni la même priorité. 

La santé mentale et les risques psychosociaux ont pourtant été des sujets importants tout au long de la législature écoulée, avec de nombreux rapports, plans et initiatives. Mais cela ne s’est pas répercuté dans la campagne électorale. Il est encourageant de voir que les principaux groupes ont bien conscience du rôle des syndicats, et de la nécessité de nous consulter. 

Faire entendre sa voix sur les lieux de travail et dans les urnes

Le 9 mai, la Journée de l’Europe a célébré les réalisations de l’Union européenne au fil des décennies. Bien que l’institution soit loin d’être parfaite, il est possible d’y obtenir des normes minimales qui placent les travailleurs sur un pied d’égalité dans tous les États membres. Cela n’est possible que si nous nous engageons dans les processus de l’Ue. Si nous ne donnons pas la parole aux travailleurs, les changements dont nous avons besoin ne se produiront pas. 

Les élections au Parlement européen constituent la meilleure opportunité d’orienter l’Ue dans un sens plus social. Nous n’y parviendrons que si les syndicalistes font entendre leur voix dans les urnes, sur le lieu de travail et dans la rue. Notre message  : Sortez et votez pour des partis et des candidats favorables aux travailleurs !