Cléo Sénia ressuscite Colette en beauté

La comédienne, passionnée par l’univers du cabaret que pratiqua un temps la grande dame infiniment libre de la littérature française, lui consacre un spectacle en toute gratitude.

Édition 035 de mi septembre 2023 [Sommaire]

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Cléo Sénia dans Music-hall Colette. © Shaikan’s Photography.

Mise en scène, par Léna Bréban, Cléo Sénia, qui a déjà tenu le rôle de Gaby Deslys (1881-1920) en son temps icône du music-hall, a décidé cette fois d’incarner Colette (1873-1954), dans un spectacle justement intitulé Music-hall Colette.

«  Il y a cinq ans, déclare Cléo Sénia, j’ai découvert la maison d’enfance de Sidonie-Gabrielle Colette à Saint-Sauveur-en-Puisaye. J’ai été saisie par la poésie qui émanait de ce “paradis perdu” qu’elle ne cessa de convoquer tout au long de sa carrière d’écrivain.  » La comédienne s’est plongée dans son œuvre, découvrant «  une femme qui a su se réinventer à chaque instant. Presque sans s’en apercevoir, elle bouscule tous les codes d’une époque gouvernée par la religion, le patriarcat, la censure et les règles de bienséance  ».

Les sept vies de Colette

Sur un texte cosigné avec Alexandre Zambeaux, Cléo Sénia, au demeurant experte dans l’art du cabaret, son corps étant souplement dressé à l’exercice du strip-tease burlesque, s’attache à traverser toutes les péripéties de l’existence de Colette, qui eut au moins sept vies, comme les chats, qu’elle adorait.

Pour habiller toutes ces vies, depuis les pantomimes au sein nu jusqu’à l’académie Goncourt, du journalisme à l’ouverture d’un salon de beauté, de ses liaisons scandaleuses aux obsèques nationales, il a été fait appel à Alice Touvet, qui a conçu les costumes. L’équipe de création est aussi constituée de la scénographe Marie Hervé et du chorégraphe Jean-Marc Hoolbecq, tandis que la composition musicale est due à Hervé Devolder, également auteur des chansons, l’arrangement et la conception sonore incombant à Victor Belin et Raphaël Aucler. La lumière est signée Denis Karansky.

Les auteurs du spectacle précisent en clair leur projet en ces termes  : «  Colette est une figure complexe et moderne. Elle n’envisage la liberté de la femme que comme un combat personnel et ne milite que pour sa propre liberté. Femme libre, elle refuse toute étiquette dont celle du féminisme. Mariée trois fois, elle assume des relations extraconjugales parfois saphiques  ; écrivaine populaire et reconnue, elle n’aime pas la littérature.  » Colette disait en effet  : «  Moi c’est mon corps qui pense  ! Il est plus intelligent que mon cerveau. Toute ma peau a une âme.  »

  • Première le 26 septembre à l’Espace des arts, Scène nationale de Chalon-sur-Saône, pour dix représentations jusqu’au 7 octobre, puis les 7 et 8 novembre aux Scènes du Jura, à Lons-le-Saunier (39).