Chronique invitée -  La victoire dépend de chacune et chacun d’entre nous

Par notre mobilisation exceptionnelle, nous avons fait mentir tous les pronostics du gouvernement. Nous avons battu en brèche le fatalisme et la résignation et réussi à maintenir la mobilisation malgré les vacances

Édition 026 de fin février 2023 [Sommaire]

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Options - Le journal de l'Ugict-CGT

Par Sophie Binet, secrétaire générale de l’Ugict-Cgt

L’unité syndicale est cimentée par une revendication claire, le retrait, et se décline dans les territoires et dans de plus en plus d’entreprises et de branches. Nous avons démonté les multiples mensonges du gouvernement. Non, il n’y aura pas de minimum de pension à 1200€. Non, la réforme ne sera pas favorable aux femmes, au contraire ! Non, il ne s’agit pas de sauver la répartition, qui, par principe ne peut faire faillite, mais, en faisant reculer la protection de nos régimes solidaires de retraites, de pousser toujours plus de salarié.e.s vers la capitalisation. Dépourvue de ces artifices, la réforme est maintenant éclairée d’une lumière crue : nous voler deux ans de vie pour satisfaire l’égo du Président, Bruxelles et les marchés financiers. 

Pour gagner le retrait de cette réforme injuste et violente, il nous faut passer encore une étape supérieure. C’est le sens de l’appel inédit de l’intersyndicale à mettre le pays à l’arrêt le 7 mars prochain et à participer aux initiatives du 8 mars, journée de grève féministe. L’occasion de dénoncer l’impact de la réforme pour les femmes et de montrer l’enjeu de l’égalité salariale. Mettre fin aux 28 % d’écart de salaire entre les femmes et les hommes permettrait non seulement d’augmenter les salaires et les pensions des femmes, mais aussi de résoudre le déficit invoqué par le gouvernement pour justifier sa réforme. La journée du 8 mars est un levier pour élargir encore le mouvement et montrer la société que nous voulons. Une société égalitaire et féministe. Une société où l’on réduit le temps de travail avec la retraite à 60 ans pour que chacune et chacun puisse avoir une carrière complète tout en ayant le temps de s’occuper de ses proches. Le 8 mars est aussi un point d’appui pour mettre à l’ordre du jour la grève reconductible partout où c’est possible.

Il ne s’agit pas de «  bloquer  » quelques secteurs stratégiques, mais bien d’être le plus nombreux et nombreuses possible à faire grève pour montrer que sans notre travail le pays ne peut pas tourner. Quelque soit notre secteur, notre place dans le travail, notre grève compte. Elle permet de remettre les pendules à l’heure  : notre travail n’est pas un coût mais une richesse, et faire grève génère de lourdes pertes économiques pour le patronat. Mais la grève de toutes celles et ceux qui travaillent dans les services publics ou le tiers secteur sert aussi à assurer la popularité du mouvement. Par exemple, la fermeture des écoles désorganise directement l’économie et a aussi un effet d’incitation vis-à-vis de l’ensemble des travailleuses et travailleurs. De même, qu’un cadre ou qu’un agent de maitrise s’affiche à l’avance comme gréviste a un effet d’entrainement majeur vis-à-vis des équipes, cela facilite et décomplexe la grève. Reste par contre un obstacle bien réel  : celui du pouvoir d’achat alors que le prix de l’alimentation et de l’énergie flambe. A l’image des actions qui permettaient il y a un siècle aux grèves ouvrières de tenir, multiplions les initiatives de solidarité  : actions Robins des bois dans l’énergie, distributions alimentaires, caisses de solidarité…Travaillons également à diversifier les modes d’action avec des temps forts, grèves de 55 minutes par jour, grèves du zèle avec refus de réaliser des heures supplémentaires… 

Nous rentrons maintenant dans le sprint final de notre course de fond, n’en gardons plus sous la pédale. Soyons au rendez-vous. Ils sont une poignée, nous sommes des millions !

Chronique initialement publiée dans L’Humanité Magazine du 23 février 2023