La « bataille sociale » sur les retraites relancée
« Pour les salaires, les pensions, les bourses d’études, les minimas sociaux » : à l’appel de sept syndicats (Cgt, Union syndicale Solidaires, Fsu) et organisations de jeunesse (Unef, Vl, Fidl et Mnl), cette journée intervient dans le contexte d’une double offensive sur les retraites et l’assurance chômage.
« Pour les salaires, les pensions, les bourses d’études, les minimas sociaux » : la journée nationale de mobilisation interprofessionnelle du 29 septembre intervient dans le contexte d’une double offensive sur les retraites et l’assurance-chômage.
« Comptez sur moi » : c’est ce qu’a répété, au cours des derniers mois, Emmanuel Macron aux militaires, aux hospitaliers ou aux travailleurs de la « tech »… À l’évidence, ce n’était pas une main tendue. Mais le présage de réformes brutales, menées coûte que coûte. Après avoir lancé celle de l’assurance-chômage ignorant le rejet unanime des organisations syndicales, voici le retour des retraites, au prétexte de la recherche du plein-emploi.
Le scénario est bien connu, et il se conclue par la menace à peine voilée du 49.3 : fuites opportunes du nouveau rapport du Conseil d’orientation des retraites (Cor), propos et ballons d’essais distillés devant l’association de la presse présidentielle, dont la possibilité d’un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale pour faire passer plus vite le projet… « Retraites : la bataille sociale », titrait Options au printemps dernier. Elle est ainsi relancée, et le coup d’envoi en sera la journée nationale de mobilisation interprofessionnelle du 29 septembre, « Pour les salaires, les pensions, les bourses d’études, les minimas sociaux », à l’appel de sept syndicats (Cgt, Union syndicale Solidaires et Fsu) et organisations de jeunesse (Unef, Vl, Fidl et Mnl).
L’accélération est telle qu’une poignée d’initiés a pu lire l’entièreté du rapport du Cor, sur lequel repose la supposée urgence à réformer. Avant sa publication, le 15 septembre, seule est retenue la dramatisation de la dégradation, après 2023, des comptes du système de retraites, sur la base d’hypothèses de croissance annuelle de la productivité abaissées par rapport aux dernières projections. Hypothèses qui peuvent être contestées : le Cor privilégie ainsi « un scénario caractérisé à la fois par une croissance très faible (1 % par an) associée à un taux de chômage élevé », souligne la Cgt, un taux d’ailleurs inférieur à celui retenu par le gouvernement lui-même dans ses dernières prévisions.
« Ce que dit le rapport n’a pas grand-chose à voir avec le récit qu’on en fait », commente pour sa part l’économiste Michaël Zemmour sur son compte Twitter. Selon lui, la réforme envisagée répond d’abord « à une volonté de réformer le marché du travail et de réduire les dépenses après une série de baisses d’impôts ». Si l’on s’en tient aux seuls résultats comptables, l’analyse de Henri Sterdyniak sur son blog hébergé par Mediapart éclaire le débat : la question n’est pas celle du léger déficit du système de retraite (0,4 % du Pib dans les 25 prochaines années), mais, à moyen terme, « l’acceptation ou non de la paupérisation progressive des retraités ». Une paupérisation déjà à l’œuvre – les taux de remplacement, singulièrement pour les ingénieurs et cadres, se sont déjà effondrés –, et qui ouvre la voie au développement de l’épargne retraite : un piège, comme l’ont montré les débats des dernières Rencontres d’Options.
Peu importe finalement qu’à peine un actif sur deux soit en emploi entre 55 et 64 ans, Emmanuel Macron résume ainsi les termes du « choix » : report de l’âge légal ou nouvel allongement de la durée des cotisations ? À côté de l’argument comptable, il affiche désormais une nouvelle stratégie pour imposer sa réforme : celle du financement de droits nouveaux, comme une pension minimum à 1 100 euros pour une « carrière complète » sans qu’on sache ce que cela recouvre, ou les investissements nécessaires à l’école, à la santé, à la transition écologique…
Toujours pas un mot sur les ressources du systèmes de retraite, d’ailleurs mises à mal, comme l’ensemble de la protection sociale, par la faiblesse des revalorisations salariales au profit de primes hypothétiques, la non-reconnaissance des qualifications ou les exonérations de cotisations. À la condition d’une meilleure répartition des richesses, d’autres choix que la voie sans issue dans laquelle il veut enfermer les Français sont pourtant possibles.
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