Au Miam de Sète, on se préoccupe de fictions modestes et de réalités augmentées

Au Miam, une exposition de longue haleine met en jeu, de façon transversale, la bande dessinée, la vidéo, la photographie, la performance et les arts numériques.

Édition 005 de mi-mars 2022 [Sommaire]

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© Irène Gérard, L’Agneau mystique, 2017, 12 peintures sur bois, 291 x 416 cm. Collection Museum Dr. Guislain, Gand.
Au Miam, une exposition de longue haleine met en jeu, de façon transversale, la bande dessinée, la vidéo, la photographie, la performance et les arts numériques.
© Capitaine Longchamps Neige, 2011. Huile sur bronze trouvé, Collection Antoine de Galbert.

Nos lecteurs ont déjà entendu parler ici du musée international des Arts modestes (Miam), inauguré en 2000, à Sète, par le peintre Hervé Di Rosa, dont c’est la ville natale, et le collectionneur-artiste Bernard Belluc. La première exposition d’envergure, qui suit l’anniversaire des 20 ans de cet établissement, s’est ouverte le 17 février, sous le titre «  Fictions modestes & Réalités augmentées  », avec pour sous-titre «  L’aventure utopique d’une humanité sans marges  ».

Depuis ses débuts, le Miam s’attache à défricher les territoires de la création contemporaine, en mettant en lumière des œuvres et des correspondances artistiques singulières, le plus souvent peu admises par l’institution officielle. L’actuelle manifestation, selon ses commissaires (Anne-Françoise Rouche, Noëlig Le Roux, Françoise Adamsbaum, directrice du Miam), «  nous plonge dans des mondes inédits et fascinants et revendique une démarche transversale et collaborative, qui fait fi des étiquettes  ».

«  Des œuvres hybrides, qui brouillent les frontières entre art brut et art contemporain  »

Partant de la bande dessinée vers des supports moins prévisibles, tels la vidéo, la photographie, l’installation, la performance ou les arts numériques, l’exposition fait la part belle aux explorations et expérimentations menées à La «  S  » Grand Atelier, où travaillent de concert des artistes porteurs d’un handicap mental et des artistes sans déficience cognitive. De cette pratique plurielle, où chacun élabore avec l’autre, naissent «  des œuvres hybrides, qui brouillent les frontières entre art brut et art contemporain  ».

© Adolpho Avril et Olivier Deprez. Après la mort, après la vie, 2007-2014. Gravure sur bois.

La «  S  » Grand Atelier (installée dans une ancienne caserne désaffectée), au surnom imagé de «  Punk du handicap  », présente donc, pour la première fois en France, un éclairage vif sur la richesse et la diversité des formes qui y sont produites (peintures, sculptures, vidéos, performances, œuvres numériques) et les multiples collaborations ainsi initiées.

L’exposition se déploie en plusieurs chapitres, dont l’un relié à un territoire de l’est de la Belgique, à Vielsalm. «  Les génies du lieu  » témoignent en effet de l’influence de l’Ardenne profonde, où peuvent surgir d’improbables créations, issues de la rencontre d’artistes dits «  bruts  » avec des artistes contemporains, en un lieu de production et de diffusion créé il y a trente ans. Dans l’espace «  Cinémodestie  », on rend hommage à des créateurs «  décalés  », pour lesquels l’art du film constitue à la fois une source d’inspiration et un terrain de jeu expérimental. «  How soon is now  », propose des incursions immersives dans des univers virtuels, tandis que «  Communions  » explore le monde insolite d’un imaginaire catholique décentré. Enfin, au chapitre «  Libertés indomptées  », on découvre des artistes dont «  l’authenticité de la démarche et du propos demeure inaliénable  ».

Stéphane Harcourt

«  Fictions modestes & Réalités augmentées  », jusqu’au 18 septembre, au musée international des Arts modestes, à Sète. Rens.  : 04.99.04.76.44 ou miam@miam.org et www.miam.org