L’offensive sur le temps de travail est l’un des premiers axes de la bataille engagée par le patronat pour gagner de nouvelles marges de productivité et donc de profits. Alors que le gouvernement et les partis conservateurs évoquent la fin des 35 heures, la durée de travail des cadres va bien au-delà : un cadre sur quatre déclare travailler plus de 45 heures par semaine, et plus de six sur dix, plus de 40 heures par semaine. Les heures supplémentaires ne sont en général ni payées ni récupérées, particulièrement pour les cadres au forfait jours. Cette pression reflète aussi un mépris pour la vie personnelle, contribuant au malaise généralisé, alors que les cadres – particulièrement les plus jeunes et les femmes – expriment leur aspiration à mieux articuler vie professionnelle et vie personnelle.
Le second axe de l’offensive patronale est la pression exercée sur les salaires, que le gouvernement comme le patronat s’acharnent à vouloir déconnecter du niveau de qualification. La branche métallurgie en subit déjà les conséquences avec la nouvelle convention collective nationale qui, en définissant le salaire en fonction du poste, dégrade les droits de toutes les catégories socioprofessionnelles, ingénieurs, cadres, techniciens et agents de maîtrise compris. L’intention du gouvernement s’étend à la fonction publique, avec son projet de réforme qui propose de supprimer les trois catégories hiérarchiques, alors que les catégories A représentent 56 % des fonctionnaires.
Faire face à un racisme de plus en plus décomplexé
Après notre forte mobilisation contre l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir, notre baromètre révèle qu’un climat de racisme latent s’est installé dans l’environnement professionnel des cadres. Près de 38 % d’entre eux rapportent avoir été témoins ou victimes de remarques racistes, et un sur cinq a fait l’expérience de discriminations raciales freinant sa progression de carrière. Malgré cette réalité préoccupante, seule la moitié des employeurs informe des recours disponibles en cas de comportements discriminatoires. Ce manque de prévention et de réactivité face au racisme n’est plus admissible, et les directions doivent prendre leurs responsabilités.
Un droit d’alerte revendiqué face à des pratiques contestables
Positionnés à la fois comme vecteurs et victimes des directives de leur entreprise, de nombreux cadres aspirent à pouvoir exprimer leur désaccord. Près de six sur dix souhaitent ainsi disposer d’un droit d’alerte afin de protéger leur intégrité éthique et d’être en capacité de dénoncer des pratiques contraires à l’intérêt général. Car les représailles sont fréquentes… 48 % des cadres ayant dénoncé des faits répréhensibles ont subi des intimidations ou des sanctions ; un chiffre qui atteint 82 % chez les jeunes. L’Ugict-CGT, engagée dans La Maison des lanceurs d’alerte, a cette question particulièrement à cœur.
La confiance se renforce dans le syndicalisme
Face à ces injustices et après les mobilisations exceptionnelles contre la réforme des retraites ou pendant les élections législatives, le niveau de confiance des cadres dans les syndicats ne cesse d’augmenter. Depuis 2012, celui-ci a doublé, atteignant aujourd’hui 34 % et même 49 % chez les jeunes. La CGT a désormais une image plus positive et l’organisation est perçue comme capable de mener la lutte pour des conditions de travail plus éthiques et respectueuses.
À l’heure où les négociations interprofessionnelles sur le chômage et l’emploi des seniors ont été lancées, l’Apec confirme que les cadres seniors sont plus touchés par le chômage que la population globale des cadres. L’Ugict-CGT s’engage à faire entendre leurs aspirations et à défendre les revendications qu’ils expriment : droit à la retraite progressive, au temps partiel « aidé », sans perte de salaire et de cotisations retraite, droit à consacrer une partie de leur temps de travail à des activités de tutorat, mentorat ou mécénat, droit à des jours de télétravail garantis et à des affectations sur des postes moins pénibles, sans perte de salaire et avec des formations adaptées.