Édition 057 - 

L'ÉDITORIAL

Une austérité au profit des intérêts financiers

Principale visée : la Sécurité sociale, accusée de tous les maux, notamment d’être responsable de l’indigence de l’État.  Le but du budget 2025 est de réaliser 60 milliards d’euros d’économies pour ramener le déficit public en dessous des 5 % de Pib puis, à terme, en-dessous des 3 %, conformément au Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne.

Il est prévu de fusionner des services publics, de développer l’utilisation de l’IA pour rationaliser le travail des fonctionnaires et, à terme, d’en réduire le nombre en ne remplaçant pas les départs en retraite. Une réduction du soutien de l’État aux entreprises serai aussi à l’ordre du jour. Mais sur ce sujet central, le gouvernement est moins précis.

En ce qui concerne le financement de la Sécurité sociale, il faut s’attendre à un durcissement des règles d’indemnisation des arrêts maladies, des jours de carence et des remboursements de frais médicaux.

Augmenter les impôts des riches ? Le moins possible

De fait, sans augmentation des recettes, la réduction des dépenses publiques n’a jamais suffi à résorber un déficit. Pour Michel Barnier, il est donc indispensable d’augmenter les impôts sur les ménages (mais lesquels  ?) et sur les entreprises, à rebours de la doxa macroniste et libérale qui refuse toute augmentation d’impôts.

En conséquence, seuls 0,3 % des foyers les plus fortunés et 300 entreprises seraient concernés par ces augmentations d’impôts. Les recettes attendues seront évidemment insuffisantes.

Les recettes de l’État amputées de 76 milliards d’euros

Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, la baisse des impôts des plus riches et des prélèvements sur les grandes entreprises a amputé les recettes de l’État de 76 milliards d’euros. L’aide aux entreprises, matérialisée par la baisse des cotisations patronales et autres niches fiscales, est de l’ordre de 170 à 200 milliards par an. Autant d’argent public qui disparaît des caisses de l’État pour assurer la fonction d’intérêt général, au profit d’intérêts privés.

Un secteur privé porté à bout de bras grâce aux impôts des salarié·es serait pour eux une situation relativement acceptable, si elle était réellement conditionnée à la création d’emplois et au maintien du pouvoir d’achat. En réalité, la destruction des emplois industriels se poursuit. La baisse du chômage dont se glorifie le pouvoir en place est surtout le résultat du recours à l’apprentissage, subventionné lui aussi par l’État. Un apprentissage qui concerne des salarié·es diplômé·es du supérieur, majoritairement concentré·es dans le secteur tertiaire, dont la production est moins rémunératrice que le secteur industriel. C’est donc une augmentation de la précarité et non une résorption réelle du chômage qui a été financée sur de l’argent public.

Le but : ne pas réviser la répartition des richesses au profit des salarié·es

L’État fait le choix de contracter ses dépenses pour ne pas nuire au rendement du capital privé, à la peine du fait d’une croissance atone. Les grands groupes, principaux bénéficiaires des largesses de l’État, ne parviennent qu’à préserver leur marge bénéficiaire pour rémunérer leurs actionnaires, afin de s’assurer du financement de leur activité par les marchés financiers, seconde source de financement dont dépendent les entreprises du Cac 40.

Mais comment maintenir l’échec de la politique de l’offre sans soulever le mécontentement des salariés, notamment les ingénieurs, cadres, techniciens et agents de maîtrise ?

L’austérité est l’arme fatale des gouvernements pour éviter de réviser la répartition des richesses au profit des salarié·es. Brandir l’épouvantail de la dette publique, accusée d’étrangler l’avenir de nos enfants, c’est un moyen d’étouffer dans l’œuf toute contestation qui remettrait en cause les choix budgétaires de l’État. Notamment la contestation des salarié·es des classes moyennes et supérieures qui ne sont pas rémunéré·es à la hauteur de leur engagement professionnel.