La fonction de chef de gouvernement est abîmée dans une valse d’hésitation, de tentation, de manipulation tragicomique. Cette situation constitue en réalité l’impasse dans laquelle notre pays s’est vu engagé au nom des sacro-saints dogmes du libéralisme débridé. Car, dans ce théâtre des appétits, ce sont surtout les intérêts bien compris d’une classe rivée à ses instincts primaires d’accumulation de capital qui se jouent. Le festin d’une minorité affame de plus en plus de nos concitoyens et concitoyennes.
Dans ce scénario d’entre-soi resurgissent, au gré d’un exercice démocratique d’ampleur, les questions sociales et écologiques avec la victoire du Nouveau Front populaire (Nfp). La nomination d’un Premier ministre ne doit pas être le prétexte à lâcher la proie pour l’ombre. La Cgt s’est engagée à promouvoir ses revendications comme rempart à la montée de l’extrême droite, dont l’imposture passe les plats aux bourses nourries par l’austérité et par la politique de l’offre. Voici l’impasse, voici l’imposture, voici le nœud gordien à trancher. C’est précisément ce qui lie les revendications de la CGT et le programme du Nfp.
Reprendre la main sur le travail
Le système économique ne répond plus aux exigences d’un actionnariat qui a des prétentions de millionnaires ou de milliardaires. Nous refusons de payer plus encore sur nos salaires ou nos services publics. Nous agissons pour reprendre la main sur le travail et mettre l’économie au service des besoins de la collectivité. Nous visons une nouvelle répartition des richesses, une transformation de nos modes de production, une nouvelle étape de la réduction du temps de travail et l’amélioration de nos droits à la retraite, dans une société plus solidaire pour faire baisser la fièvre des semeurs de haine.
Retraites, salaires, services publics, environnement et industrie sont les enjeux urgents et immédiats que la Cgt met au cœur de l’appel à se mobiliser le 1er octobre. Pour réussir cette journée, les salarié·es doivent être lucides. Leur force est irremplaçable, il n’y a pas de délégation possible dans ce moment fragile de démocratie. Si elles et ils ont eu raison de se mobiliser dans les urnes, le temps est venu de prendre toute notre place et de refuser le scénario d’une nouvelle politique qui nous ignore.
Déjouer le poison de la division
Nous devons déjouer les pièges, le poison de la division du salariat, la négation des antagonismes entre le patronat et le monde du travail, l’injonction au gagnant-gagnant qui voudrait que l’intérêt supérieur de l’entreprise soit aussi le salut des travailleuses et travailleurs. Faire grossir le gâteau sans remettre en cause sa répartition entre travail et capital. Osons réhabiliter chaque catégorie socio-professionnelle dans ses revendications et ses droits.
Comme avec l’accord de cessation d’activité à la SNCF, refusons de céder aux logiques de pénurie qui stipulent que l’amélioration des conditions de certain·es salarié·es se fait au détriment des autres. Nous ne devons renoncer à aucune de nos revendications, mais les faire converger comme autant de forces et d’exigences pour bousculer celles du Medef.
Dans la diversité de nos revendications
On nous abreuve d’études et de tribunes laissant croire que le malaise ne concernerait que le « bas de l’échelle » sociale. Les ingés, cadres et techs ne mériteraient pas d’évolution garantie de leur pouvoir d’achat ? La Cgt et son Ugict répondent échelle mobile des salaires. Elles et ils n’auraient pas le droit à une retraite à 60 ans ? La Cgt et son Ugict répondent prise en compte des années d’études pour la retraite. Elles et ils n’auraient pas droit au respect de leur temps de vie personnelle ? La Cgt et son Ugict répondent réduction du temps de travail et droit à la déconnexion. Dans bien d’autres domaines, chacune et chacun ressent, dans son travail, le poids de l’intensification, du rendement, l’invasion des injonctions à une réelle exploitation de leurs qualifications, de leurs engagements, de leur attachement à un travail bien fait et utile à la collectivité.
Le profit, la concurrence, la compétitivité, la rentabilité seraient la seule grille de lecture possible. Une grille dont les codes abîment pourtant toujours plus le travail. Alors toutes et tous, dans la diversité de nos revendications, prenons possession du 1er octobre pour sortir de l’impasse.