Une exception française à mettre à l’actif des gouvernements successifs, qui ont travaillé à leur propre discrédit en sacrifiant systématiquement le monde du travail aux exigences des lobbies financiers : toujours plus pour la rente actionnariale, toujours moins pour la rémunération du travail, toujours moins pour l’impôt, toujours moins pour le financement des retraites.
Démolition des services publics
La stigmatisation systématique de l’impôt, l’évitement fiscal et la fraude mettent à mal la fonction publique. L’hôpital ne peut plus assurer le niveau de soin qui était encore garanti il y a trois décennies. Médecins et infirmiers renoncent à exercer leurs métiers. Les enseignants fuient l’école, souffrant de l’absence de considération de leur administration, par ailleurs exsangue, du sous-effectif, de la sous-rémunération en dépit des qualifications et des risques d’agression, tant l’école concentre tous les problèmes de la société.
La police, dont la formation initiale a été amputée aux dépens de la sécurité publique, est en proie à l’épuisement, tant le néolibéralisme a installé la violence dans notre société.
Le professionnalisme n’est plus reconnu ni rémunéré
Dans le secteur privé, la précarisation du travail et la réduction des durées et montants de l’indemnisation du chômage fragilisent singulièrement les jeunes et les seniors. Pourtant, le ministre Attal n’en démord pas : il fera passer sa réforme par décret.
Dans les entreprises, le professionnalisme, le diplôme et la prise de responsabilité ne sont plus ni reconnus, ni rémunérés : les renégociations des classifications et des grilles salariales, conduites tambour battant par le Medef, instaurent pour principe la rémunération des seules compétences utilisées, avec une valorisation fluctuante en fonction des objectifs de l’entreprise. Résultat : le salaire n’est plus garanti.
Cette même logique inspire le projet de suppression des catégories A, B et C de la fonction publique.
Déception et ressentiment
Les perspectives de développement de carrière disparaissent : immense est la déception, voire le ressentiment des ingénieurs, cadres, techniciens et professions intermédiaires attachés au sens du travail, et des agents de la fonction publique qui se sont engagés pour accomplir une mission au service de leurs concitoyens, c’est-à-dire une mission de service public.
Ceux qui soutiennent les politiques néolibérales font des immigrés leurs bouc-émissaires. Ils omettent de dire que ces derniers fuient la misère créée justement par le néolibéralisme : captation des ressources géologiques, installation de pouvoirs corrompus, confiscation des richesses créées qui forment un terreau fécond pour les intégrismes religieux.
20 % de votes Rn parmi les cadres
On comprend la colère, l’inquiétude du lendemain et le ressentiment qui se sont exprimés dans tous les milieux socio-professionnels : 20 % de votes Rn parmi les cadres, 29 % parmi les professions intermédiaires et les retraités, 53 % pour les ouvriers…
Mais le ressentiment, l’inquiétude ou la colère, si justifiés soient-ils, ne font pas un projet de société. Avec les élections législatives des 30 juin et 7 juillet, nous voici à la croisée des chemins.
Rappelons un fait historique : l’extrême droite arrive au pouvoir par des voies démocratiques mais s’y maintient durablement en instaurant des régimes autocratiques – Italie, Espagne, Allemagne des années 1930, Amérique latine, etc.
Et pour cause ! Les partis populistes promettent tout, en se gardant bien de dire comment ils financeront. En prenant sur la rémunération des salariés, en étranglant artisans et petites entreprises ? Ou en prenant à leurs donneurs d’ordre, ces grandes firmes internationales qui n’ont pour objectif que la maximisation du profit pour l’actionnaire ?
S’abstenir, c’est renoncer à prendre son destin en main
Le Rn commence à se dévoiler : plus question d’abroger la réforme des retraites… et pour cause, le financement ne peut se faire qu’en prélevant sur les profits !
Sur une ligne de crête entre le meilleur et le pire, il appartient à chacun de prendre ses responsabilités : s’abstenir, c’est renoncer à prendre son destin en main.
Avec un projet progressiste pour le monde du travail, un Front populaire vient de se constituer et promet l’abrogation de la réforme des retraites, de la réforme du chômage promise par Attal, l’indexation des salaires sur les prix, le relèvement des retraites et des minima sociaux.
Ce projet détaille les modalités de financement qui concourent à ramener la rémunération du capital à ce qu’elle était au début des années 1980 : 25 % contre 35 % du produit intérieur brut aujourd’hui. Dix points qui nous manquent pour renouer avec une société réconciliée et apaisée !
Alors, ingénieur·es, cadres, professions intermédiaires, toutes et tous, aux urnes contre le populisme et pour le progrès social !