Platines – Henri Dutilleux : un délice de merveilleux

En 2013, Dutilleux tirait sa révérence. Compositeur parcimonieux, on lui doit quelques chefs-d’œuvre, comme le concerto pour violoncelle Tout un monde lointain, inspiré par Baudelaire.

Édition 034 de mi juillet 2023 [Sommaire]

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Un nouvel enregistrement de Tout un monde lointain, de Dutilleux est toujours, en soi, un événement. L’atmosphère extatique et de mystère qui entoure cette œuvre, son univers poétique, la sensation d’espaces et d’images qui s’ouvrent devant l’auditeur font de ce concerto pour violoncelle une des œuvres majeures de l’après-guerre. L’œuvre de Dutilleux est inclassable. Comme il est difficile de rattacher l’homme à un courant, une chapelle  !

Jugé trop classique par Pierre Boulez, celui qui nous a quittés, il y a dix ans, à l’âge de 97 ans, était curieux de tout, et s’il n’a jamais fait partie de l’avant-garde, c’est moins par dédain que par souci de suivre ses propres inspirations. Tout un monde lointain, tiré de La Chevelure, de Baudelaire, renferme une variété d’affects et de climats à travers cinq mouvements enchaînés qui ressemblent à une longue introspection et évoquent de manière pas si lointaine Debussy  : Énigme – Regard – Houles – Miroirs – Hymne.

Dutilleux écrivait très peu, certains disent qu’il ne se résignait qu’au chef-d’œuvre. Mûri pendant dix ans, son concerto pour violoncelle fut créé par Rostropovitch, également dédicataire de la partition, en 1970. Il trouve en Victor Julien-Lafferrière un digne passeur entre l’univers baudelairien et le monde sonore.