L’œuvre au noir de Damien Deroubaix à la Bnf historique

Cet artiste d’aujourd’hui, rompu à toutes les techniques de la gravure et de la peinture, héritier reconnu d’illustres devanciers, est exposé en grand à Paris, dans les locaux du site Richelieu.

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Damien Deroubaix, 3 Grâces (2010). © Bnf/Adagp, 2024.

La Bibliothèque royale – devenue par la suite Bibliothèque nationale – fut installée en 1666 rue Vivienne, dans l’actuel 2e arrondissement de Paris, avant d’annexer, entre autres bâtiments, une partie de l’ancien palais Mazarin, notamment la galerie élevée par Mansart en 1645. Au fil des siècles, l’établissement public, considérablement agrandi, a connu d’importants remaniements. Les derniers travaux d’aménagement ont duré dix ans et ont été achevés en 2022.

Au sein de ce haut lieu sur lequel plane l’Histoire – Alain Resnais le documenta en 1956 dans son film Toute la mémoire du monde –, se tient ces temps-ci l’exposition «  En un jour si obscur  », de Damien Deroubaix. 

Peintre, graveur, tapissier, sculpteur…

Damien Deroubaix, War inside my Head (2017). © Bnf/Adagp, 2024.

Né à Lille en 1972, l’artiste s’est formé à l’école des beaux-arts de Saint-Étienne, puis à l’Akademie der bildenden Künste de Karlsruhe, en Allemagne. La puissance de son expression dans tous les domaines – peinture à l’huile, aquarelle, gravure, tapisserie, panneaux de bois gravé, sculpture, installation – lui ont rapidement valu la reconnaissance en France et à l’étranger. Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections de par le monde. 

Au-delà de cette féconde variété en toutes disciplines, il puise son inspiration à maintes sources, de la scène musicale metal aux danses macabres médiévales, en passant par la mythologie, la reprise de thèmes d’actualité, le folklore, l’histoire de l’art. Dürer, Goya, Munch, Picasso, par exemple, lui sont chers. Il en perpétue l’esprit. Des estampes de ces maîtres anciens sont d’ailleurs mises en regard de ses œuvres.

La hideur de la société actuelle

Damien Deroubaix, Un homme nouveau (Money), (2008).© Bnf/Adagp, 2024.

L’imagination bondissante de Damien Deroubaix, proprement iconoclaste, n’est pas sans rappeler, parfois, les expériences du mouvement Dada, surgi au terme de la Première Guerre mondiale. La guerre, justement, omniprésente de nos jours, il la traite souvent, sous ses pires visages d’épouvante. L’artiste ne ménage pas la hideur de la société actuelle.

Parmi les plus de soixante œuvres exposées, il n’est que de voir, pour se convaincre de sa vigueur expressionniste, Un homme nouveau (Money), de 2008, ou 3 Grâces, (2010). Chez Damien Deroubaix, hanté par l’apocalypse, un simple bouquet de fleurs devient, littéralement, l’image d’une nature véritablement morte. Ne dit-il pas, en effet : « La relation à la vie et à la mort, la vanité, la futilité de l’existence, c’est là tout le sens de mon travail »  ? 

  • Jusqu’au 16 février 2025, à la Bnf/Richelieu, 5 rue Vivienne, Paris 2e, galerie Mansart-galerie Pigott.