La bande dessinée de haut en bas au Centre Pompidou

L’espace entier de l’illustre institution est consacré au 9e art, dans une série d’expositions qui le célèbrent sous toutes ses formes, passées et présentes.

Édition 055 de début septembre 2024 [Sommaire]

Temps de lecture : 3 minutes

Winsor McCay, Little Nemo in Slumberland, 2 février 1908, épreuve d’impression, 51 × 41,7 cm. Crédit : Woody Gelman Collection/The Ohio State University/Billy Ireland Cartoon Library & Museum.

Sous le titre «  La Bd à tous les étages  », cette expression artistique, qui connaît un immense succès dans notre pays, est explorée dans toute sa diversité au sein de tous les espaces du Centre Pompidou.

Ce n’est pas la première fois, loin de là, que la bande dessinée y est mise en valeur. Dès 1977, il y avait eu «  Bande dessinée et vie quotidienne  ». En 1988, c’était «  Héros de papier, les récits complets des années 1950  ». Puis, en 2006, «  Hergé  ». Le Centre Pompidou, en la matière, a donc été pionnier.

Mise en regard des trois grands foyers d’expression

À présent, c’est au niveau 6 de l’établissement qu’est présentée l’exposition «  Bande dessinée, 1964-2024  ». Pour la première fois sont mis en regard ses trois principaux foyers d’expression, soit la création européenne, les mangas asiatiques et les comics américains.

Un peu plus bas, au niveau 5, dans «  La bande dessinée au musée  », on peut découvrir les monographies de six maîtres historiques du genre  : Edmond-François Calvo, Will Eisner, Hergé, George Herriman, Winsor McCay et Geo McManus. En parallèle, en d’autres salles, il y a des auteurs contemporains, tels Blutch, Dominique Goblet, Catherine Meurisse ou Chris Ware, dont les dessins dialoguent avec des chefs-d’œuvre peints de René Magritte, Mark Rothko, Francis Picabia ou Theo Van Doesburg, qui font partie des collections du musée.

Francis Picabia, Dresseur d’animaux, 1923. Ripolin sur toile 250×200 cm. Achat 1998 Centre Pompidou. Crédit  : Centre Pompidou/Mnam-Cci/Philippe Migeat/Rmn-Gp

Corto Maltese, héros devenu mythique d’Hugo Pratt

Au niveau 2, dans les locaux de la Bibliothèque publique d’information (Bpi) c’est, en majesté, l’exposition «  Corto Maltese, une vie romanesque  ». On peut alors vérifier que les albums qui relatent les pérégrinations du beau marin globe-trotteur, héros devenu mythique d’Hugo Pratt, ne manquent pas de citations d’ordre littéraire.

Pratt inscrit en effet son personnage dans un continuum subtil de références aux légendes celtiques, à Shakespeare, à Coleridge, à Stevenson, à Rimbaud, sans négliger ses rapports avec le contexte historique de ses différentes aventures.

Une installation immersive sous la forme du bivouac

À la galerie des enfants, au niveau 1, Marion Fayolle propose une exposition-atelier intitulée «  Tenir tête  ». Elle invite à la découverte de son univers poétique, si singulier, grâce à une installation immersive, sous la forme du bivouac.

Imaginé en écho au travail graphique de Marion Fayolle, ce dispositif interactif livre ses secrets au jeune public dans une mise en jeu basée sur l’expérimentation et la contemplation, le tout dans une atmosphère bienveillante, qui évoque les vacances et les activités de plein air.

Vers des formes contemporaines aventureuses

Au niveau – 1, l’exposition «  Revue Lagon, le chemin de terre  », close le 19 août, faisait la part belle à ce véritable laboratoire imprimé qui, depuis 2014, a concouru à la révélation d’artistes émergents, tournés vers des formes contemporaines aventureuses.

Du 29 mai au 7 juillet, ce fut aussi «  La Bd hors des cases  », une manifestation vivante qui, durant six week-ends, a complété l’événement muséal avec des discussions, des concerts, des performances et des ateliers, en partenariat avec le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême.

«  Une programmation joyeuse et foisonnante  »

On peut, pour conclure, céder la parole aux organisateurs, qui invitent à un «  rassemblement autour de cet art populaire et ambitieux. Grâce à une programmation joyeuse et foisonnante, chacune et chacun, amateur ou passionné, est plongé dans l’univers d’émerveillement de la bande dessinée  ».

Jean-Pierre Léonardini

  • «  Bande dessinée et vie quotidienne  », «  Bande dessinée, 1964-2024  », «  Corto Maltese, une vie romanesque  », jusqu’au 4 novembre 2024.
  • «  Tenir tête  », jusqu’au 6 janvier 2025.
  • Au Centre Georges-Pompidou, place Georges-Pompidou, Paris 4e. www.centrepompidou.fr