Jean-Claude Gautrand, photographe « hyperactif et super discret »

Cinq ans après sa disparition, le musée Réattu présente une anthologie de ce cofondateur de l’agence Gamma et artisan majeur des Rencontres de la photographie d’Arles.

Édition 052 de mi-juin 2024 [Sommaire]

Temps de lecture : 2 minutes

Jean-Claude Gautrand, 1997. © Pierre Hucher

Sous le titre «  Libres expressions  », le musée Réattu d’Arles, la ville qui devient, chaque été, capitale mondiale de la photographie, propose une importante exposition consacrée à l’œuvre de Jean-Claude Gautrand (1932-2019). Il a joué un rôle capital dans la reconnaissance et l’histoire de la photographie en France, publiant à ce sujet quelque 30 ouvrages instructifs. Et puis il y a son œuvre, puissamment graphique, fondée sur le contraste raffiné entre l’ombre et la lumière.

En 1945, il prend ses premiers clichés avec un petit Superflex. Il est ensuite inspiré par la conception de son aîné, l’allemand Otto Steinert (1915-1978), qui prône une photographie subjective. En 1964, Jean-Claude Gautrand fonde l’agence Gamma, puis le groupe d’avant-garde Libre expression, avant d’intégrer, en 1964, le Club des 30 × 40, dont il devient le vice-président. En 1970, il fait partie de la toute première équipe des fameuses Rencontres d’Arles.

Les archives de toute une vie

Tout à la fois journaliste, historien de son art, commissaire d’expositions et photographe d’envergure, Jean-Claude Gautrand a accumulé, tout au long de sa vie, des archives considérables. En 2022, son épouse, Josette Gautrand, en a fait don au centre de recherche et de documentation du musée Réattu.

L’exposition «  Libres expressions  » revêt un double intérêt. Elle permet d’abord de prendre la haute mesure de l’artiste, en offrant au regard plus de 350 photographies échelonnées de 1957 à 2010. Elles ont été sélectionnées parmi 40 séries et plus de 3 000 images appartenant aux collections du musée, des Rencontres d’Arles et de Madame Gautrand.

Série « Paris la ville », Rue de l’Évangile (1958). © Jean-Claude Gautrand.

Dénoncer la démolition des Halles

Les séries en question témoignent de la diversité des inspirations du photographe. Cela va de figurations puissamment graphiques, telle L’Assassinat de Baltard, sur la démolition des Halles de Paris au début des années 1970, jusqu’à d’autres, plus conceptuelles, comme Le Galet. Il est aussi un volet intimiste et pictural, comme Le Jardin de mon père

L’autre aspect de l’exposition a trait aux qualités de Gautrand en tant qu’observateur et analyste de l’histoire de la photographie, à Arles et bien au-delà. Il exposait aux Rencontres dès 1971. C’est d’ailleurs dans la séquence «  Arles associés  » que s’inscrit «  Libres expressions  » au cours des Rencontres d’Arles. Dans le beau catalogue (312 pages, 480 illustrations, 35 euros, coédition musée Réattu/éditions Illustra-La Librairie des musées) il est notamment spécifié que «  Jean-Claude Gautrand était un homme-orchestre hyperactif super discret  ».