Chronique invitée -  Un outil pour ancrer le combat écologique dans notre travail

La COP 27 s’achève sur une petite victoire pour les pays pauvres avec la création d’un mécanisme d’indemnisation des dommages environnementaux qu’ils sont les premiers à subir. Enfin !

Édition 020 de fin novembre 2022 [Sommaire]

Temps de lecture : 3 minutes

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Par Sophie Binet
Secrétaire générale de l’Ugict-Cgt

La Cop 27 s’achève sur une petite victoire pour les pays pauvres, avec la création d’un mécanisme d’indemnisation des dommages environnementaux qu’ils sont les premiers à subir. Enfin  ! Mais cette avancée est bien maigre. Covid, guerre en Ukraine, hausse des taux d’intérêts… leur dette flambe. Pour les 73 pays les plus pauvres, le paiement des seuls intérêts de la dette représente 44 milliards de dollars en 2022, soit davantage que l’aide au développement qu’ils reçoivent  !

Rappelons que cette dette est détenue par les pays industrialisés responsables du réchauffement climatique… et que son remboursement empêche les pays pauvres d’investir pour faire face aux enjeux environnementaux… Pourtant, au lieu d’annuler la dette et de doper l’aide au développement pour réparer les désastres que nous avons causés, ces pays multiplient les politiques sécuritaires pour refouler les migrants qui fuient la famine et le dérèglement climatique.

Surtout, les États pétroliers et les nombreux lobbyistes des énergies fossiles – 636 décomptés à Charm el-Cheikh par les Ong, sans compter Agnès Pannier-Runacher… – ont empêché que la Cop 27 ne débouche sur de nouveaux objectifs de réduction d’émission des gaz à effet de serre. Pourtant, les scientifiques sont clairs  : sans changement de trajectoire, le climat va se réchauffer d’au moins 2,4 °C en moyenne avec une multiplication des catastrophes environnementales  : effondrement de la biodiversité, sécheresses, incendies, inondations… rendant une partie de la planète inhabitable.

Pourquoi un tel aveuglement  ? Parce que nos dirigeants sont tenus par les multinationales et les 1  % les plus riches, qui ont les moyens de se protéger du dérèglement climatique et veulent continuer à spéculer jusqu’au bout. Quelle irresponsabilité. Quelle honte. Quelle colère  ! Il ne faut pourtant pas sombrer dans le fatalisme. Chaque jour, la lucidité environnementale est plus forte et elle contraint déjà les puissants à de nombreuses évolutions. Mais le temps file  ; il nous faut accélérer. Plus possible d’attendre que les choses viennent d’en haut  ! Les questions sociales – emploi, industrie, transports, services publics… – doivent en permanence être liées aux questions environnementales, et vice-versa. Impossible de se limiter à des stratégies de l’extérieur ou de dénonciation de certaines activités polluantes. Cela peut avoir le mérite d’être spectaculaire, mais ça stigmatise les travailleuses et travailleurs sans déranger les multinationales, qui se contentent d’externaliser leurs activités les plus polluantes pour blanchir leurs actifs.

Pour permettre à chacune et à chacun d’agir à partir de son travail et de ses responsabilités professionnelles, l’Ugict-Cgt a construit un «  Radar travail et environnement  » avec le collectif de jeunes ingénieurs Pour un réveil écologique. Il permet aux représentantes et représentants du personnel d’établir un état des lieux de l’impact environnemental de l’entreprise ou de l’administration concernée.

L’outil permet ensuite de recueillir les propositions des salarié·es à partir de l’expertise issue de leur travail. Alors que les directions les somment de laisser leurs convictions environnementales au vestiaire, l’objectif est de leur permettre un plein exercice de leurs responsabilités professionnelles. Il s’agit d’un levier pour mettre fin à l’insupportable dissonnance cognitive entre l’urgence environnementale et le contenu du travail. La possibilité de devenir, toutes et tous, des colibris. Rendez-vous sur Radartravailenvironnement.fr


Chronique initialement publiée dans l’Humanité Magazine du 24 novembre 2022