À Roanne, on rend hommage à un collectionneur passionné 

Le musée Joseph-Déchelette expose les œuvres dont le critique d’art Camille Benoît (1851-1923), compositeur et conservateur au Louvre, fit généreusement don, en 1917, à sa ville natale.

Édition 068 de fin mars 2025 [Sommaire]

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Édouard Manet, Tête de jeune garçon (s.d.). Don Camille Benoît. © Musée Joseph-Déchelette.

Le musée des beaux-arts et d’archéologie de Roanne porte le nom de Joseph Déchelette, l’archéologue qui offrit à sa ville natale, en 1919, ce bel hôtel particulier du XVIIIe siècle. En instance d’une restructuration d’importance – les locaux vont être considérablement agrandis –, l’établissement s’attache à mettre en valeur ses collections.

En 2023 et 2024, il s’agissait de «  La céramique contemporaine, entre héritage et innovation  ». Ces temps-ci, avec «  Camille Benoît, l’héritage d’un passionné  », on célèbre la figure éclectique d’un autre enfant du pays qui fut tout à la fois compositeur, musicographe, critique d’art et conservateur au Louvre.   

De beaux paysages de Corot

Louis Aubert (attribué à), La Jeune Fille, dite La Jeune Servante (vers 1750). Don Camille Benoît. © Musée Joseph-Déchelette.

En 1917, il faisait don à la Ville de Saint-Étienne de plus de 80 œuvres, essentiellement des peintures de la fin du XIXe siècle. Il a notamment réuni de beaux paysages de Camille Corot et de Díaz de la Peña , des portraits de Pierre Guérin et de Ludwig Knaus, ainsi que des esquisses d’après de grands maîtres.

L’exposition met également en lumière ses amitiés avec des artistes de son temps, tels Eugène Carrière, Charles Cottet, Henry Lerolle ou Paul Jamot. Figue marquante de ce que l’on nomme la Belle Époque, Camille Benoît, spécialiste reconnu des primitifs français et allemands, a fait entrer au Louvre le tableau de Jérôme Bosch La Nef des fous, entre autres œuvres majeures.

Il fut un découvreur de Tchaïkovski 

À la croisée des disciplines artistiques, Camille Benoît était aussi compositeur. Élève du pianiste belge César Frank, ardent défenseur de la musique de Wagner, il a découvert Tchaïkovski. En partenariat avec le conservatoire de Roanne, la visite s’étoffe d’une dimension musicale unique. Un enregistrement audio des compositions de Camille Benoît, spécialement réalisé pour l’événement, est intégré à la scénographie de l’exposition.

En outre, une programmation spécifique, en étroite collaboration avec le conservatoire, rythme la durée de l’exposition, avec des concerts, des lectures musicales et des écoutes commentées, ce qui permet de mieux entendre l’héritage musical de Camille Benoît.