Un homme et deux chaises pour Albert Camus

Au théâtre Essaïon, Jean-Baptiste Artigas joue et met en scène La Chute, adaptation du roman paru en 1956, un an avant que son auteur ne reçoive le prix Nobel de littérature.

Édition 056 de mi-septembre 2024 [Sommaire]

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Crédit. Philippe Hanula.

Tout à la fois acteur, pianiste, chanteur et compositeur, Jean-Baptiste Artigas, de la Cie La Belle Équipe, s’attaque à l’adaptation scénique, par Jacques Galaup, du roman de Camus La Chute.

Au Mexico City, un bar à matelots du port d’Amsterdam – que Jacques Brel célébrera dans une chanson mémorable –, un homme, face à un autre qui ne dit mot, fait lui-même les questions et les réponses. Peu à peu, ce personnage, nommé Jean-Baptiste Clamence, ancien avocat parisien brillant qui exerce, dans le bar, l’étrange fonction de «  juge-pénitent  », va livrer l’atroce secret de sa vie. Un soir, après qu’il a croisé une jeune femme sur le pont Royal, elle s’est jetée dans la Seine…

La chaise, toujours vide, de l’interlocuteur muet

Ce soliloque de la mauvaise conscience et du remord de la faute par lâcheté, Jean-Baptise Artigas l’a conçu de la sorte  : une chaise qu’il occupe, et la chaise toujours vide de l’interlocuteur muet. Côté jardin, en fond de scène, il y a un piano ouvert.

Jean-Baptiste Artigas, sur la scène, maître exclusif de la parole, la ponctue en musique à point nommé. «  De Thelonious Monk à Fats Waller, nous dit-il, en passant par Duke Ellington ou encore Prévert et Kosma, le personnage fera swinguer Les Feuilles mortes lors des évocations nostalgiques de Paris, dont Clamence nous parle sans cesse.  »

Stéphane Harcourt