Fasciné par son personnage, Fabrice Chillet brosse le portrait de Pyrate qui, depuis l’adolescence, sillonne les mers depuis Brest jusqu’à l’océan Indien. Quant à Catherine Poulain, puisant dans son expérience propre, elle raconte la pêche à la morue en Alaska, sur un palangrier peuplé de marins et d’une seule femme.
Fasciné par son personnage, Fabrice Chillet brosse le portrait de Pyrate qui, depuis l’adolescence, sillonne les mers depuis Brest jusqu’à l’océan Indien. Quant à Catherine Poulain, puisant dans son expérience propre, elle raconte la pêche à la morue en Alaska, sur un palangrier peuplé de marins et d’une seule femme.
Tout est vrai et rien n’est faux dans le livre de Fabrice Chillet, Pyrate. Un texte à la manière de Hunter. S. Thompson, qui a popularisé le « gonzo », ce journalisme qui s’exprime à la première personne, d’une façon non neutre, assumant le subjectivisme : « au début, j’ai cru que la meilleure manière d’aborder un tel homme [le fameux Pyrate] était de naviguer à ses côtés. De le rejoindre dans le Finistère et d’embarquer » dit le narrateur.
Il précise que s’il est vrai que « naviguer est une activité qui ne convient pas aux imposteurs, je ne pense pas être tout à fait un charlatan. Mais je sais que je ne boxe pas dans la même catégorie… Mais, auprès de Pyrate, sur le même bateau, porté par la même vague, tenant le même cap, je demeurerais aussi étranger à lui que les touristes à quai, pointant du doigt une voile accrochée à l’horizon. À quoi bon alors partager une navigation avec lui ? La distance demeure irréductible. Et après tout tant mieux. Car je n’aspire pas à dévoiler la psychologie de cet homme, à expliquer voire à justifier ses actes. Encore moins à déchiffrer son âme… Incapable de pénétrer cette surface obscure, je peux néanmoins aspirer à la contagion à force de côtoyer Pyrate. Prendre sa fièvre et voir ce que ses yeux ont vu. Les mots suivront. »
Et les mots suivent, narrant autant les faits et gestes (marins) du héros que le regard de l’auteur sur ce démiurge des eaux, et sur la construction d’un mythe, du genre Ulysse, Nemo ou Chien noir le pirate…
Pyrate est breton, du côté de la rade de Brest, il « a fait la pêche », a louvoyé en planche à voile, fut régatier, a convoyé des bateaux, les a construits, a travaillé sur un pétrolier, fut capitaine d’un thonier, pilote de surfer – ces bateaux propulsés par des hydrojets hyperpuissants –, a découvert le drame écologique de l’Amoco Cadix, subi des mers séditieuses et démontées, et le cyclone Gafilo, un des cyclones les plus puissants observés dans le sud-ouest de l’océan Indien, depuis que les satellites imbéciles font la ronde autour de notre planète. Une bête épouvantable de puissance et de beauté. Un phénomène naturel hors de proportion. Hypnotique. Un ange exterminateur.
Selon Georges Perros, « la mer est broyeuse d’histoire. Il arrive néanmoins qu’elle préserve quelques réchappés, capables de témoigner. Et que serait un récit de marin sans tempête ? Qui désignerait le héros ? Que serait une transat ou une course autour du monde sans un naufrage ? »
Restera à tout jamais les rêves des pirates : être libre, fonder Libertalia, une organisation sociale exemplaire de solidarité et d’égalité, un petit paradis, une république, une ode à la liberté… Pyrate en est digne…
Le portrait d’un marin mythique, c’est-à-dire à la fois hors pair et égal des autres. Un récit fait d’écume, de vent, de rafales, une référence qui côtoie La Longue Route de Bernard Moitessier.
« Homme libre, tu chériras la mer » a écrit Baudelaire
Et les femmes, ne chérissent-elles pas la mer ? Nombreuses sont celles qui sont parties voir le démon des vagues, mais s’il fallait citer un récit, Le Grand Marin s’impose. L’autrice, Catherine Poulain, amorce ainsi son livre : « Il faudrait toujours être en route pour l’Alaska. Mais y arriver à quoi bon. J’ai fait mon sac. C’est la nuit. Un jour je quitte Manosque-les-Plateaux, Manosque-les-Couteaux, c’est février, les bars ne désemplissent pas, la fumée et la bière, je pars, le bout du monde, sur la Grande Bleue, vers le cristal et le péril, je pars. Je ne veux plus mourir d’ennui, de bière, d’une balle perdue. De malheur. Je pars. Tu es folle. Ils se moquent. Ils se moquent toujours – toute seule sur des bateaux avec des hordes d’hommes, tu es folle… Ils rient. Riez. Riez. Buvez.
Défoncez-vous. Mourez si vous voulez.
Pas moi. Je pars pêcher en Alaska. Salut.
Je suis partie. »
Alors, elle embarque sur le Rebel, un palangrier qui pêche la morue noire vers l’Alaska, dans les grands espaces âpres, brusques, austères et au large, au très large, au-delà de the last frontier…Comme tout bon récit de marin, ceux qui visitent un monde inconnu… Mais Le Grand Marin et Pyrate ne sont pas seulement de bons récits, ce sont aussi d’exceptionnels romans sur le courage d’être libre.
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