En meeting à Paris, le jeune collectif a réuni journalistes, intellectuels, auteurs et éditeurs pour débattre des dangers inhérents à concentration des médias comme des maisons d’édition. Reportage.
Cnews, Canal +, Europe , Paris Match ou le Jdd : voici la face visible de l’Iceberg ou plutôt de « l’empire » Bolloré. Lors d’un meeting organisé à Paris, le 18 mars dernier, le collectif « Stop Bolloré » aréunijournalistes, intellectuels, auteurs et éditeurs, certes pour alerter sur le danger de la concentration des médias. Mais aussi pour débattre de celle, tout aussi périlleuse, du secteur de l’édition.
Déjà propriétaire de Editis, deuxième entreprise du secteur en terme de chiffre d’affaires (733 millions d’euros en 2019), Vincent Bolloré lorgne à présent sur Hachette, premier groupe d’édition en France, propriété de Vivendi. Si Vincent Bolloré a déjà mis un pied dans le giron du groupe, il souhaite désormais aller plus loin en effectuant une OPA sur l’entreprise d’édition.
Un quasi-monopole sur le secteur de l’édition
En parvenant à ses fins, il aurait alors un quasi-monopole sur le secteur, ne laissant que quelques miettes à ses concurrents et mettant à mal les maisons d’édition indépendantes et leurs créations. C’est notamment ce qu’a expliqué, lors d’une table-ronde, Marion Mazauric, éditrice et fondatrice de la maison Au Diable vauvert, témoignant des contraintes auxquelles elle doit faire face et de la nécessité, pour sécuriser les bénéfices, de réduire le risque éditorial. Si elle reste persuadée que les maisons d’édition indépendantes pourront toujours publier les livres et les créations auxquelles elles croient, elle a pointé un autre danger : l’impact d’une telle concentration sur la distribution alors que la majeure partie de ce secteur est portée par les grands groupes d’édition. Grands groupes qui se montrent également inquiets, comme l’a lui-même déclaré Antoine Gallimard, président de Madrigall.
La distribution, le nerf de la guerre
Un exemple concret permet de comprendre l’importance de la distribution et le danger que représente cette concentration. Lorsque Éric Zemmour s’est plaint d’être « lâché » par son éditeur Albin Michel, il a alors choisi de s’auto-éditer en créant l’édition Rubempré. Cela n’a pas empêché sont livre se retrouver en tête de gondole de tous les supermarchés, comme l’a révélé Laurence De Cock, historienne, essayiste et membre du collectif « Stop Bolloré », en expliquant les raisons de cette forte exposition : un distributeur qui n’est autre que Éditis, donc Vincent Bolloré, son employeur à Cnews…
« En termes stratégiques, le secteur de la distribution est presque plus important que celui de l’édition », a-t-elle analysé, en révélant recouvrir les livres d’Eric Zemmour par ceux des éditions de la Fabrique, au grand bonheur de la salle. Une lueur d’espoir pourrait venir des libraires indépendants chez qui la mobilisation semble s’amorcer : eux seuls sont en effet responsables des livres qu’ils mettent en avant et décident de commercialiser. Salle Olympe de Gouge, la librairie ne désemplit pas. L’auteur David Dufresne signe son livre « 19h59 », édité par Grasset, et en résume la trame : un magnat multimilliardaire, propriétaire de la chaîne Rex News, est kidnappé au coeur même de son empire. Ce livre pourrait-il être publié dans un contexte de fusion entre Éditis et Hachette dont Grasset fait partie ?
Les inquiétudes sont d’autant plus vives qu’à chaque fois que Vincent Bolloré s’est emparé d’un média, cela s’est à la fois traduit par des départs de journalistes dans des conditions souvent brutales et un changement significatif de ligne éditorial. Le cas le plus emblématique de cette situation est celui de Cnews avec l’arrivée d’Éric Zemmour dans une émission quotidienne où il pouvait, jusqu’à sa déclaration de candidature à l’élection présidentielle de 2022, s’exprimer sans limites et exposer ses thèses controversées sans contradicteurs. Le Snj-Cgt notamment s’alarme de cette volonté de peser sur le débat démocratique en mettant notamment en avant des thèmes racistes, sexistes et homophobes. C’est précisément ceci qui a motivé le collectif à saisir l’Arcom (ex-CSA) et à se mobiliser, en particulier contre la fusion de Éditis et Hachette.
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