Infographie -  Des inégalités durables entre femmes et hommes cadres, sources de souffrance psychique

Dans une récente étude, l’Apec a mesuré les écarts de salaires, dans les carrières, dans la conciliation vie professionnelle-vie privée. Plus de la moitié des femmes cadres souffrent de stress intense, voire d’épuisement.

Édition 060 de fin novembre 2024 [Sommaire]

Temps de lecture : 2 minutes

Publiée par l’Apec en octobre 2024, l’étude « Argent, carrière, sexisme » fait le point sur la persistance des inégalités de genre parmi les cadres. Sans grande surprise, aucun aspect de la vie professionnelle, dont l’articulation avec la vie privée, ne sont épargnées. L’étude met aussi en lumière les troubles anxieux ou dépressifs qui peuvent en résulter.

Sur l’ensemble des cadres, les hommes gagnent en moyenne 12 % de plus. Mais si l’on s’attarde sur les différentes catégories d’âge, on constate que l’écart se creuse au fur et à mesure des années (l’écart de revenu est de 2 % pour les moins de 35 ans, de 20 % pour les plus de 55 ans). Les femmes ont davantage l’impression de fournir un travail long et intense et long (35 % pour les hommes, 44 % pour les femmes).

Plus d’un tiers des répondantes à l’enquête de l’Apec (35 %) indiquent avoir le sentiment que leur genre a été un frein à leur déroulement de carrière. Elles se voient moins souvent confier de postes à responsabilité (un tiers des femmes y accèdent, contre 46 % des hommes), mais se retrouvent plus souvent à animer des équipes sans position hiérarchique.

Élément de différenciation avancé par l’enquête, les difficultés que les cadres ont à articuler leur vie personnelle ou familiale avec leur vie professionnelle. Le constat est partagé par 40 % des hommes cadres, et par 45 % des femmes cadres.

Cet écart de cinq points se creuse fortement lorsque des enfants sont présents dans le foyer. Avec un enfant de moins de 5 ans, les femmes sont une majorité (59 %) à déclarent éprouver des difficultés, contre 49 % des hommes. La source de ces difficultés tient en grande partie à la répartition inégale des tâches au sein des foyers. Garder un enfant malade est la tâche dévolue à 44 % des mères cadres, contre 16 % des pères cadres.

Ces inégalités engendrent des niveaux de stress importants, là aussi nettement plus marqués chez les femmes.

Qu’il s’agisse de l’épuisement professionnel (54 % des répondantes), du stress intense (54 %) ou de la déprime (44 %), leur ressenti est supérieur d’au moins dix points à celui des répondants. Cela fait écho aux alertes lancées par Santé publique France, dont le bulletin épidémiologique de mars 2024 a montré que les femmes étaient les premières victimes de burn-out. Mais aussi, plus généralement, de souffrance psychique au travail, avec l’« intensification du travail, l’accélération des rythmes, mais aussi l’essor du numérique », a expliqué au Monde Marie Pezé, responsable du réseau Souffrance et travail.