L'Édito -  Retraites : mobilisations maximales

Emmanuel Macron a décidé de passer en force sa réforme des retraites, contre l’avis de l’ensemble des syndicats et d’une large majorité de Français·e·s. Au lieu de répondre au défi énergétique, sanitaire et environnemental, il prend la grave responsabilité de jeter le pays dans la récession et le chaos.

Édition 023 de mi-janvier 2023 [Sommaire]

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© Nicolas Marquès

Pourquoi cette réforme violente ? Pour combler un déficit de… 12 milliards d’euros à horizon 2030… Rappelons que les entreprises du Cac 40 ont distribué plus de 80 milliards d’euros à leurs actionnaires en 2022, du jamais vu.

Rappelons également qu’aucune des nombreuses propositions syndicales n’a été examinée  : mobiliser les 150 milliards d’euros d’aides publiques dont bénéficient les entreprises chaque année, mettre à contribution les dividendes, réaliser l’égalité salariale ou encore augmenter les cotisations et en élargir l’assiette (en intégrant toutes les primes, l’intéressement et la participation) permettrait non seulement de remettre les comptes à l’équilibre mais surtout de rétablir la retraite à 60 ans avec 75 % du dernier salaire. L’argument financier ne tient donc pas. Pourquoi cette réforme  ? Pour satisfaire Bruxelles et les marchés financiers. Pour pousser toutes celles et ceux qui en ont les moyens vers l’épargne retraite. Et, accessoirement, pour flatter l’égo de notre Président…

Nous avons d’ores et déjà gagné la bataille de l’opinion. Grâce aux sondages qu’il paie rubis sur l’ongle, le pouvoir le sait parfaitement et mise sur le fatalisme et la résignation. C’est le cap de la mobilisation qu’il nous faut donc désormais gagner. Montrons de quelle manière chacune et chacun est concerné. Salarié·e·s du privé comme fonctionnaires et régimes spéciaux, jeunes et seniors, ouvrier·e·s comme cadres, toutes et tous seront victimes de la double peine  : un report de l’âge de départ et une nouvelle baisse des pensions du fait de carrières incomplètes. Ensuite, on s’engage si on sait que l’on peut gagner et que les alternatives sont solides. Les arguments sur le financement sont donc déterminants.

Pour gagner, il faut que la mobilisation dépasse les cercles militants. Évitons à tout prix la grève par procuration ! C’est l’entrée de chacune et chacun dans l’action qui change la donne. Quand un cadre sup se met en grève, l’impact sur la production est faible, car il récupère bien souvent la charge de travail le lendemain, mais son impact psychologique est très élevé, cela signifie que « le roi est nu ». Il nous faudra mettre la grève reconductible à l’ordre du jour dans un maximum de lieux de travail.

Cependant, le droit de grève est compliqué à exercer quand on est précaire ou que l’on travaille dans un secteur peu syndiqué par exemple. Pour contourner la répression, l’enjeu est de gagner le nombre, en s’appuyant sur la diversité des modes d’action. Le rapport de force est multifactoriel  : en 2020, le Lac des cygnes de l’Opéra de Paris, les jetés de robes des avocats, les chants et danses des Rosies n’ont pas bloqué la production, mais ont contribué à l’élargissement et à la popularité du mouvement.

Les nombreux parlementaires progressistes sont un point d’appui déterminant pour cette bataille, à condition de faire les choses dans l’ordre et de construire d’abord la mobilisation sociale, à partir des lieux de travail, avant de lui donner un débouché politique. La fin du quinquennat, et au-delà, le rapport de force capital/travail dépendent de l’issue de cette mobilisation.

Il nous faut donc mettre toutes nos forces dans la bataille et refuser fermement toute instrumentalisation ou course à l’échalote pour des luttes de pouvoir. Nous sommes en position de force  : le gouvernement n’a ni majorité politique ni majorité sociale, la question des retraites permet d’unifier les colères et les nouveaux fronts qui s’ouvrent chaque jour. À nous de jouer !